Crise oblige. Le Maroc se tourne vers ses riches
« frères » arabes du Golfe. Le roi se déplace dans quatre pays du
CCG. Un voyage que Taïb Fassi Fihri, porteur de messages royaux, a
préparé en mars dernier à l’occasion d'une tournée.
Le roi Mohammed VI entame, dès aujourd’hui, une visite
dans quatre pays du Golfe. Un voyage placé sous le signe de l’économie. Preuve
en est la composition de la délégation ministérielle qui accompagne le monarque
: Nizar Baraka (Finance), Aziz Akhannouch (Agriculture et Pêche), Aziz Rabbah
(Equipement et Transports), Lahcen Haddad (Tourisme) et Saâd Dine El Otmani
(Affaires étrangères). En revanche, la présidente de la CGEM (Confédération
générale des entrepreneurs marocains), Meryem Bensaleh, n’est pas du voyage. Le
quotidien Al Massae, dans son édition d’aujourd’hui, explique cette absence par
des considérations protocolaires en vigueur dans le Golfe, exigeant des femmes
le port du hijab.
Objectif, une part des 1300 milliards $ des fonds
souverains
Par ce déplacement royal, le Maroc souhaite une
implication forte des fonds souverains de la région dans de grands projets
structurants. Des fonds qui jouissent, notamment, d’une solide assise
financière estimée à 1300 milliards de dollars. Rabat en lorgne une part modeste
mais très vitale pour la réalisation de quelques investissements. C’est
l’objectif majeur de cette visite. Au cours duquel, la délégation marocaine
compte présenter aux dirigeants du Golfe une liste de projets qui pourraient
intéresser les milieux d’affaires de la région.
Une liste dans laquelle figure en bonne place, la
cession de 44% des actions de l’Etat à un opérateur aérien du Golfe. Les
compagnies saoudiennes, Etihad airways et Emirates seraient en course pour
l’entrée dans le tour de table de Royal air Maroc. Cependant, les émiratis ont
une longueur d’avance sur leur concurrent saoudien, ils ont des accords de
partenariats avec la RAM. Cette privatisation, est une bouée de sauvetage pour
l’entreprise publique. La RAM traverse une mauvaise passe. Le gouvernement
Benkirane a signé, en février, avec le mangement de RAM un contrat-programme,
en vertu duquel l’Etat s’engage à renflouer les caisses de la compagnie en
injectant 9,3 milliards de dh jusqu’à 2016.
Des relations stratégiques uniquement avec Riyad et
Abou Dhabi
Officiellement, les relations entre Rabat et les
monarchies du Golfe sont qualifiés de « stratégique ». Mais c’est avec l’Arabie
saoudite et les Emirats que le Maroc entretient les meilleurs rapports. Riyad
et Abou Dhabi avaient accordé, respectivement, en 2008 des dons de 500 millions
dollars et 300 M$ pour alléger la facture pétrolière, déjà trop salée. C’est
encore le royaume wahhabite qui a contribué à hauteur de 200 millions $ dans le
projet du TGV. Dans ce contexte, il est tout à fait logique que Rabat revoie
l’ascenseur aux saoudiens.
Fin septembre, la réalisation de la station de
production d’énergie solaire de Ouarzazate est accordé à un consortium présidé
par le groupe saoudien ACWA. Quant aux liens avec les autres pays du CCG, ils
sont plutôt froids et parfois même tendus comme c’est le cas avec le Qatar et
dans une moindre mesure avec le Koweït. Deux pays qui se sont opposés
farouchement à l’adhésion du Maroc au conseil de coopération du Golfe.
Pour mémoire, en plein printemps arabe, le CCG lança
une invitation au Maroc et la Jordanie pour intégrer le groupe. Une fois passé
l’orage, le CCG commuait son offre en une aide. Lors du sommet de Riyad de ce
club des riches, il était décidé la création d’un fonds du Golfe pour le
développement, qui commencera à soutenir des projets de développement en
Jordanie et au Maroc, à hauteur de 2,5 milliards de dollars pour chaque pays.
Investissements : l’UE devance largement le CCG
Dans son édition d’aujourd’hui, le quotidien Au fait publie une comparaison entre les
investissements européens au Maroc et ceux en provenance du CCG. Durant les
dernières années, les Emirats a injecté au royaume 14 milliards de dollars, le
Koweït : 7 MM$, l’Arabie saoudite : 3,5 MM$. Des chiffres loin même très loin
des 123 milliards de dollars de la France ou encore des 41 MM$ de l’Espagne.
Outre l’investissement, l’Union est, par ailleurs,
fortement engagée dans des projets sociaux au Maroc, portant sur l’éducation,
lutte contre la pauvreté, la bonne gouvernance ou encore la parité. Août
dernier la Commission européenne a approuvé le programme d’action 2012 destiné au
royaume d’une valeur de 112 millions euros.
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